Le microbiote intestinal est au cœur de nombreuses discussions en santé et nutrition – et pour cause ! Cet écosystème complexe, composé de milliards de micro-organismes, joue un rôle essentiel pour :

• Une digestion optimale et une meilleure absorption des nutriments.
• Le renforcement du système immunitaire.
• L’équilibre de l’humeur, grâce à l’axe intestin cerveau.

‍

Mais cet équilibre est fragile. Une perturbation du microbiote, appelée dysbiose, peut entraîner divers troubles : ballonnements, diarrhées, constipation, prise de poids, fatigue, allergies...

Parmi les causes les plus courantes, nous retrouvons :

• La prise d’antibiotiques, qui détruit les bactéries bénéfiques.
• Une alimentation déséquilibrée, pauvre en fibres et en aliments fermentés
• Le stress, qui peut modifier la composition du microbiote.

‍

Face à cela, les probiotiques apparaissent comme une solution prometteuse. Ces micro-organismes vivants, lorsqu’ils sont en quantité suffisante, peuvent aider à rééquilibrer le microbiote et favoriser le bien-être digestif.

‍

🔎 Mais comment bien choisir son probiotique ?‍

• Mais que sait-on vraiment de leur efficacité ?
• Quelles souches privilégier selon les besoins ?
• Comment reconnaître un bon probiotique ?

‍

Aujourd’hui, Compleo vous aide à y voir plus clair et à choisir des probiotiques efficaces et bien formulés !

‍

‍

‍

‍

🦠 Qu’est-ce qu’un probiotique ?

‍

Le mot probiotique vient du grec pro bios, qui signifie "pour la vie". Selon la définition officielle de la FAO et de l’OMS (2001), un probiotique est un micro-organisme vivant qui, lorsqu’il est ingéré en quantité suffisante, exerce un effet bénéfique sur la santé de l'hôte.

On retrouve naturellement des probiotiques dans certains aliments fermentés : yaourts, fromages affinés, kéfir, choucroute, miso… Cependant, notre alimentation moderne étant souvent pauvre en probiotiques naturels, un apport de ferments sous forme de complément alimentaire peut s’avérer utile.

‍

Ce que dit la science : les effets bénéfiques des probiotiques

Les effets bénéfiques des probiotiques sont multiples et démontrés par de nombreuses études scientifiques. Attention, ces effets sont propres à chaque souche et ne peuvent pas être généralisés à l’ensemble des probiotiques.

‍

Indications des probiotiques

• Approche préventive des allergies et de l'eczéma
• Soutien des troubles fonctionnels intestinaux (le terme fonctionnel désigne généralement les troubles liés aux mouvements de l'intestin, aucune anomalie structurelle n'est observable) :
  • Syndrome de l'intestin irritable (SII)
  • Ballonnements abdominaux
  • Constipations
  • Diarrhées
  • Douleurs abdominales
• Soutien dans le traitement et la prévention des diarrhées associées aux antibiotiques.
• Soutien dans les maladies inflammatoires de l'intestin (MICI)
• Soutien dans le cas de certaines intolérances, par exemple l'intolérance au lactose
• Soutien dans le cadre d'infections vaginales

‍

📌 À retenir : Chaque souche ayant des propriétés spécifiques, il est essentiel de choisir un probiotique adapté à son besoin.

‍

‍

Ce que dit la loi : que peut-on dire sur les probiotiques ?

En Europe, l'étiquetage des compléments alimentaires contenant des probiotiques est strictement encadré. Pendant longtemps, l'affichage du terme "probiotiques" était même interdit. En effet, dans le règlement (CE) n°1924/2006, la Commission Européenne considère le terme "probiotiques" comme une allégation de santé non autorisée, dans le sens où il contient "la description ou l'indication d'une fonctionnalité ou une incidence implicite sur la santé".

Un assouplissement récent… mais encadré

Face à l’usage généralisé du terme dans plusieurs pays européens, la DGCCRF (Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes) a révisé sa doctrine. Ainsi, le terme "probiotiques" est autorisé sur les étiquetages des compléments alimentaires, à condition :

• Qu'il apparaisse uniquement comme un nom de catégorie, au même titre que "vitamines" ou "minéraux", pour caractériser la nature des substances présentes.
• Que les souches aient un historique de consommation humaine avéré. Si ce n’est pas le cas, elles peuvent relever du règlement Novel Food, ce qui impose une procédure d’autorisation spécifique avant commercialisation.
• Que les souches soient correctement caractérisées (identification précise au niveau de la souche).
• Qu'elles ne présentent pas de résistance aux antibiotiques, pour éviter tout risque de santé publique.
• Qu'il contienne au moins 10⁷ à 10⁹ cellules vivantes par souche et par jour, pour garantir une quantité suffisante d’organismes actifs.
• Que seule la mention "contribue à l'équilibre de la flore intestinale" figure sur l'étiquettage, ou toute mention ayant un sens strictement similaire.

‍

Ce qui reste interdit

Les mentions telles que "renforce" ou "augmente" le microbiote sont des allégations de santé illégales.

Ainsi, les effets bénéfiques selon la science évoqués ci-dessus ne peuvent pas être affichés sur l'emballage, ni dans la communication des marques sur leurs produits.

‍

‍

Les propriétés des probiotiques

Tous les micro-organismes ne peuvent pas être qualifiés de probiotiques. Selon l'AFSSA, un probiotique doit répondre à plusieurs critères stricts :

1️⃣ Apporter un bénéfice prouvé à l’hôte

Un probiotique doit avoir démontré des effets positifs spécifiques sur la santé via des études cliniques rigoureuses.

2️⃣ Être stable et viable jusqu'à la consommation

Un probiotique ne doit pas perdre son efficacité avant d’être consommé. Pour cela, il doit être :

• Correctement desséché (déshydratation contrôlée) pour maintenir sa viabilité.
• Stocké dans des conditions adaptées (certains nécessitent une réfrigération).

3️⃣ Survivre au passage digestif

Les probiotiques sont efficaces uniquement s'ils arrivent vivants jusqu'à leur lieu d'action principal. Pour atteindre l’intestin, un probiotique doit résister aux conditions hostiles du tube digestif (acidité gastrique, enzymes digestives, sels biliaires, etc.) Le probiotique doit donc être protégé par une technologie adaptée (ex. gélules gastro-résistantes, microencapsulation).

4️⃣ Être en quantité suffisante pour être efficace

Le probiotique doit être présent en quantité optimale, généralement ≥ 10⁷ UFC par souche (quantité de bactéries) , afin de compenser les pertes et garantir un effet significatif.

5️⃣ S’implanter et interagir avec le microbiote existant

Une fois arrivé dans l’intestin, un bon probiotique doit :

• Se fixer aux muqueuses intestinales et se multiplier.
• Interagir avec le microbiote (chaque individu ayant un microbiote unique, cette interaction est déterminante).

‍

‍

Probiotique + Prébiotique = Symbiotique

Les probiotiques sont souvent associés à la notion de prébiotiques, des fibres alimentaires non solubles et non digestibles par les enzymes intestinales, qui nourrissent et favorisent la croissance des bonnes bactéries. Ainsi, les prébiotiques aident à maintenir la flore intestinale déjà présente, tandis que les probiotiques permettent d'enrichir la diversité de cette dernière. Lorsque des probiotiques sont associés à des prébiotiques, on parle alors de symbiotiques !

‍

‍

‍

‍

Quelles souches pour quels besoins ?

‍

L’efficacité d’un probiotique dépend avant tout du choix des souches. Chaque souche possède des propriétés spécifiques et a été étudiée pour des indications précises. Il est donc essentiel de s’appuyer sur les résultats des études cliniques pour faire un choix éclairé.

‍

📌 Attention : Les recherches sur les probiotiques sont encore en cours, et toutes les souches ne sont pas documentées de la même manière. Par exemple, bien que certaines organisations restent prudentes quant à l’utilisation généralisée de probiotiques pour des pathologies comme le syndrome de l’intestin irritable (SII) en raison de l’hétérogénéité des études, certaines souches ont montré des résultats prometteurs dans certains contextes.

‍

Récapitulatif des souches et de leurs bénéfices potentiels

Le tableau ci-dessous recense des souches ayant fait l’objet d’études scientifiques pour leurs effets potentiels sur la santé digestive et générale.

Cependant, ces effets sont issus de recherches cliniques et ne constituent pas des allégations de santé autorisées par les autorités réglementaires (EFSA en Europe, FDA aux États-Unis). Autrement dit, bien que ces probiotiques aient montré des bénéfices en laboratoire ou en essais cliniques, leur efficacité peut varier selon les individus. Leur usage ne doit pas être assimilé à un traitement médical.

‍

‍

‍

‍

‍

Ce que disent (et ne disent pas) les études

Les recherches actuelles ne permettent pas toujours d'établir des recommandations définitives pour chaque inconfort digestif. Les études tendent à aborder des conditions globales (par exemple, le SII) sans toujours préciser leur impact sur des symptômes spécifiques (ballonnements, douleurs abdominales, transit irrégulier…).

De plus, tous les produits commercialisés ne se valent pas : nombre de probiotiques disponibles sur le marché n’ont pas été testés dans des études rigoureuses ou sont proposés sous une forme et à un dosage différents de ceux étudiés.

Il est donc important de noter que si le "format" du probiotique diffère des conditions expérimentales (dosage, protection, etc.), les conclusions des études ne sont pas forcément transférables.

‍

‍

‍

‍

‍

Nos conseils pour choisir un probiotique

‍

Tous les probiotiques ne se valent pas. Voici les  critères essentiels à vérifier  :

‍

1️⃣ Vérifier la nomenclature précise‍

L’efficacité d’un probiotique repose sur la souche utilisée, et non simplement sur le genre ou l’espèce. Un bon probiotique doit donc mentionner le genre, l’espèce et la souche (ex. Bifidobacterium bifidum BB01, Lactobacillus rhamnosus GG).‍

2️⃣ Opter pour un dosage suffisant‍

L’efficacité repose sur un bon nombre d’Unités Formant Colonies (UFC). Le minimum fixé par la DGCCRF est de 10⁷ UFC par souche, mais nous recommandons 10⁹ UFC  pour une efficacité optimale.

3️⃣ Assurer une protection optimale‍

Les probiotiques doivent survivre à l’acidité de l’estomac. Privilégiez les technologies de protection avancées, comme les gélules gastro-résistantes ou la double encapsulation/microencapsulation. Méfiez-vous des poudres et gélules classiques : sans protection spécifique, leur efficacité est souvent réduite.

4️⃣ Préférer une formule enrichie en prébiotiques‍

Les prébiotiques nourrissent les probiotiques et optimisent leur efficacité. Un bon probiotique contient souvent un prébiotique pour maximiser son action et renforcer le microbiote intestinal.

5️⃣ Éviter les additifs inutiles et les fausses promesses

Attention aux pièges marketing ! Évitez les probiotiques contenant des additifs inutiles (dioxyde de titane, édulcorants, arômes artificiels). Méfiez-vous des allégations exagérées ou trompeuses ("stimule l’immunité",...) qui ne sont pas autorisées par l'EFSA.

‍

En bref, un bon probiotique, c’est un probiotique suffisamment dosé, bien protégé et accompagné de prébiotiques pour une action optimale et durable !

‍

‍

📖Bibliographie

‍

Articles de revues scientifiques

• Berni Canani R, Sangwan N, Stefka AT, Nocerino R, Paparo L, Aitoro R, Calignano A, Khan AA, Gilbert JA, Nagler CR. Lactobacillus rhamnosus GG-supplemented formula expands butyrate-producing bacterial strains in food allergic infants. ISME Journal. 2015;9:2006–2015.
• Cheng H, Ma Y, Liu X, Tian C, Zhong X, Zhao L. A Systematic Review and Meta-Analysis: Lactobacillus acidophilus for Treating Acute Gastroenteritis in Children. Nutrients. 2022;14:682.
• Doré J, Schir A, Hannequart-Gramet G, et al. Design and evaluation of a 16S rRNA-targeted oligonucleotide probe for specific detection and quantitation of human faecal Bacteroides populations. Syst Appl Microbiol. 1998;21:65–71.
• Frese SA, Hutton AA, Contreras LN, Shaw CA, Palumbo MC, Casaburi G, Xu G, Davis JCC, Lebrilla CB, Henrick BM, et al. Persistence of Supplemented Bifidobacterium longum subsp. infantis EVC001 in Breastfed Infants. mSphere. 2017;2.
• Goodoory VC, et al. The efficacy of probiotics in irritable bowel syndrome: A systematic review and network meta-analysis of randomised controlled trials. Gastroenterology. 2023.
• Groeger D, O’Mahony L, Murphy EF, Bourke JF, Dinan TG, Kiely B, Shanahan F, Quigley EM. Bifidobacterium infantis 35624 modulates host inflammatory and metabolic processes in vitro. Nutrients. 2013;5:638-652.
• Hill C, Guarner F, Reid G, Gibson GR, Merenstein DJ, Pot B, Morelli L, Canani SF, Nagler CR, et al. The ISAPP consensus statement on the scope and appropriate use of the term probiotic. Nat Rev Gastroenterol Hepatol. 2014;11(8):506-14.
• Inchingolo F, Inchingolo AM, Malcangi G, De Leonardis N, Sardano R, Pezzolla C, de Ruvo E, Di Venere D, Palermo A, Inchingolo AD, et al. The Benefits of Probiotics on Oral Health: Systematic Review of the Literature. Pharmaceuticals. 2023;16:1313.
• Kazemian A, et al. Synbiotic Containing Pediococcus acidilactici and Galactooligosaccharides Reduces Abdominal Pain and Improves Quality of Life in IBS Patients: A Randomized Double-Blind Placebo-Controlled Trial. Nutrients. 2020;12:1999.
• Khaledi M, Sameni F, et al. Psychobiotics for the treatment of depression: A systematic review. Heliyon. 2024;10:e24909.
• María Remes Troche J, Coss Adame E, Ángel Valdovinos Díaz M, Gómez Escudero O, Eugenia Icaza Chávez M, Antonio Chávez-Barrera J, et al. Lactobacillus acidophilus LB: a useful pharmabiotic for the treatment of digestive disorders. Ther Adv Gastroenterol. 2020;13:1756284820971201.
• McMurdie PJ, Holmes S. Waste Not, Want Not: Why Rarefying Microbiome Data Is Inadmissible. PLoS Comput Biol. 2014;10:e1003531.
• Riehl TE, et al. Probiotics prevent nuclear factor-κB–dependent intestinal gene expression by inhibiting chymase activity. Gut. 2020;PMC May 06.
• Schnadower D, et al. Probiotics for Treating Acute Gastroenteritis in Children: A Systematic Review and Meta-analysis of Published Randomized, Double-Blinded, Placebo-Controlled Trials. N Engl J Med. 2019;PMC May 22.
• Szajewska H, Kołodziej M. Systematic Review with Meta-Analysis: Saccharomyces boulardii for Treating Acute Gastroenteritis in Children—A 2020 Update. Aliment Pharmacol Ther. 2020;51:678–688.
• Whelan K, Myers CE. Safety of Probiotics in Patients Receiving Nutritional Support: A Systematic Review of Case Reports, Randomized Controlled Trials, and Nonrandomized Trials. Am J Clin Nutr. 2010;91:687–703.

Mémoires et thèses

• Bonnaud Morgane. Syndrome de l’intestin irritable : synthèse des connaissances actuelles pour une meilleure prise en charge à l’officine. Thèse de Doctorat en Pharmacie, Nantes Université, 2024.
• Hernoune Soumia, Boukerika Amal. Bifidobactéries et les probiotiques. Mémoire de Master, Centre Universitaire Abdelhafid BOUSSOUF- Mila, Année Universitaire : 2022/2023.
• Sehibi Amal, Laouasna Amira. Les bactéries lactiques comme probiotique. Mémoire de Master, Centre Universitaire Abdelhafid BOUSSOUF- Mila, Année Universitaire : 2021/2022.

Colloques et rapports scientifiques

• Contrôle des probiotiques au SCL - L35. Colloque Compléments alimentaires, 14/10/11.
• ANSES. Effets des probiotiques et prébiotiques sur la flore et l'immunité de l'homme adulte - Effects of probiotics and prebiotics on flora and immunity in adults.  Disponible sur : ANSES.

Sources en ligne

• Probiotiques - Notre microbiote peut s’en passer - Enquête - UFC-Que Choisir.
• Probiotiques : comment bien les choisir ? | Micronutrition | Revue Santé PiLeJe.
• Probiotiques, bifidobactéries, saccharomycètes. Disponible sur : Vidal.

‍

‍